Situé sur le territoire de la commune d’Uccle, le cimetière du Dieweg n’est plus guère utilisé aujourd’hui.
Créé en 1866 et établi le long de l’ancien chemin du Dieweg, son terrain en pente, qui occupe le versant nord de la vallée du Geleytsbeek, ouvre la vue vers la forêt de Soignes. Il recèle un riche patrimoine funéraire édifié par la haute bourgeoisie uccloise.
Désaffecté en 1958, le lieu a connu une importante métamorphose : la végétation y a repris ses droits et les monuments funéraires tombent en ruine : le minéral et le végétal s’entremêlent harmonieusement.
Bien que restant une zone de cimetière sur le plan communal, la nécropole du Dieweg a été classée au niveau patrimonial par la Direction des Monuments et Sites et est reconnue comme zone verte à haute valeur biologique.
Encerclée de zones d’habitations, elle fait également partie du maillage vert ucclois.
Heures d’ouverture
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Équipements
WC, bâtiment administratif, pas d’eau dans le cimetière, pancarte pour indiquer la tombe d’Hergé, parkings, nichoirs.
Entrée
Dieweg, 95 à 1180 Uccle.
La création du cimetière du Dieweg fut liée à différents événements. D’une part, au sein de la commune d’Uccle, la création de grandes artères, telle l’avenue Brugmann, favorisa une explosion démographique : en un siècle, sa population a décuplé pour atteindre 20.000 habitants en 1900. Les cimetières de St-Pierre et St-Job étaient devenus trop petits.
D’autre part, en 1866, l’épidémie de choléra créa une hécatombe parmi la population bruxelloise. La commune décida donc de créer le cimetière du Dieweg, à l’époque d’une superficie de 1 hectare 71 ares. Il fut agrandi en 1902, 1916 et 1923.
La fermeture des cimetières de Saint-Job (1871) et de Saint-Pierre (1876) accélérèrent sa saturation.
En 1945, les autorités uccloises ont alors ouvert le cimetière du Verrewinkel.
A partir de 1877, le cimetière du Dieweg accueillit une importante population de juifs ashkénazes. En effet, le cimetière israélite de Saint-Gilles n’ayant pu être élargi, le « Dieweg » fut utilisé par la communauté juive de toute l’agglomération, mais aussi par des familles issues d’une quinzaine de pays différents. Les tombes hébraïques couvrent environ 1/3 de la superficie du cimetière.
Cela provoqua de vives protestations de la part d’une partie de la population, suspicieuse de cette occupation sémite majoritaire. Mais le bourgmestre Hubert de Fré tint bon et ses successeurs également. Il faut dire que ces concessions étaient une source de revenus non négligeables pour la commune : le tarif des concessions perpétuelles fut doublé pour les demandeurs qui n’habitaient pas Uccle, ce qui était le cas de la majorité des juifs. En échange, ceux-ci pouvaient exercer leur culte en toute liberté dans le cimetière.
Désaffecté en 1945, les habitants avaient encore le choix de s’y faire inhumer jusqu’en 1958, date à laquelle le cimetière du Verrewinkel le remplaça définitivement.
De nos jours cependant, des inhumations ont encore lieu au Dieweg, mais uniquement dans les caveaux qui disposent encore de places.
Le patrimoine funéraire monumental et décoratif des sépultures de la bourgeoisie uccloise de l’époque est impressionnant. Il emprunte différents styles d’architecture issues du passé, comme néogothique ou néoclassique.
Au début du siècle, l’art funéraire intégra les nouveaux courants architecturaux : l’art nouveau d’abord et, dans les années ‘20, l’art déco ensuite. Ces différentes influences architecturales donnent à l’ensemble un caractère éclectique.
L’antique classique fût une source d’inspiration pour la bourgeoisie uccloise. De nombreux monuments sont pourvus de frontons triangulaires, de motifs en forme de feuilles palmées, de colonnes arrondies, etc. D’autres monuments trouvent leur inspiration dans le gothique : verticalité, arcs brisés, rosaces, vitraux, etc.
Enfin, certains monuments donnent à voir un curieux mélange de styles, mêlant différents motifs de manière parfois disharmonieuse. Par exemple, la chapelle de la famille Guerra-Rubens a les particularités suivantes : des fenêtres médiévales à courbure semi-circulaire, un fronton triangulaire orné de palmettes, des colonnes en façade de style antique, des vitraux stylisés « Art Déco ».
Vers le début du 20ème siècle, l’Art Nouveau fait son apparition. Les matériaux sont nobles (de nombreuses tombes en granit), les formes souples, la courbe est omniprésente. En témoigne, le splendide tombeau destiné à Isaac Stern et son épouse, réalisé par Victor Horta en 1896.
Dans les années ‘20, la courbe lasse, la mode passe, et l’art Déco émerge alors, tout en rigidité : formes géométriques et sobriétés des ornementations en sont les maitres mots. Le sphinx sur la pyramide du sculpteur Marcel Eau (filleul de Horta), très épuré, illustre parfaitement ce nouveau mouvement architectural.
Les sculptures et médaillons présents au Dieweg n’ont pas un caractère religieux. Il s’agit plutôt de personnages (parfois éminents) qui souhaitent immortaliser leur portrait. On peut y admirer des œuvres de Joseph Jacquet, Paul Dubois, Armand Bonnetain ou Auguste Puttemans.
Les tombes juives ashkénazes présentent des épitaphes et des symboles gravés qui ont perduré à travers les siècles, telles la chouette symbolisant la retraite solitaire et mélancolique, les ailes de chauve-souris symbolisant la longévité dans le temps, ou encore les mains unies des époux entourées de chaînes brisées, incarnant la séparation brutale de ceux qui s’aiment.
Citons quelques personnalités (parmi d’autres) inhumées au Dieweg :