Les premières mentions écrites de l’occupation du site remontent au Moyen-Âge. Au 14e siècle, en effet, le fief de Groelst est morcelé et l’une des parcelles devient le Kinsendael. Il relève alors de la cour féodale d’Afflighem.
Le domaine – « het Hof te Glatbeke » – (terres, ferme, dépendances) se transmet alors de génération en génération d’abord au sein de la famille Van der Straeten, puis Waslanski.
En 1828, il est vendu à Alphonse Marbais du Gratry, un conseiller à la Cour des Comptes, qui y fait d’importants travaux. La maison de campagne des derniers propriétaires (le baron Van der Linden d’Hoogvorst) devient un château néoclassique avec écurie, remise, maison de jardinier, étang, jardin potager, serres, jardin d’agrément et arbres.
Entre 1855 et 1883, les terrains boisés situés sur la rive droite du Groelsbeek et qui faisaient eux aussi partie de l’ancien domaine de Groelst sont progressivement acquis et annexés au Kinsendael. Ils constituent l’actuel Kriekenput.
Ce nom, littéralement « trou des cerises » ou « puits des cerises », viendrait de l’existence de cerisiers plantés le long de l’actuelle rue Engeland ; mais la présence d’un puits n’a jamais pu être démontrée ; à moins que ce soit le relief très encaissé de l’endroit qui ait suggéré cette appellation.
Charles Woeste, leader du parti Catholique et ministre d’Etat, devient propriétaire du Kinsendael en 1890. La famille revend le château et son splendide parc romantique en 1924. Deux propriétaires s’y succèdent encore avant que le site ne soit progressivement abandonné.
En 1960, la Compagnie Immobilière de Belgique achète les 7,4 hectares du Kinsendael en vue de le lotir une fois le site drainé et les sources mises à l’égout.
Le vieux château, endommagé par un incendie au cours de la seconde guerre mondiale, est démoli, tandis que la partie ouest du jardin est nivelée, entraînant le comblement de l’étang. En prévision de l’arrivée de ces nouveaux habitants, la rue Engeland est également élargie.
Mais une autre menace s’annonce : le percement du ring sud de Bruxelles. Pour protéger le quartier, la commune d’Uccle propose en 1974 d’inscrire le Kinsendael en zone d’espace vert, ce qui se concrétisera cinq ans plus tard. La Compagnie immobilière devra être indemnisée…
En attendant, sans entretien, le parc est progressivement recolonisé par des espèces naturelles et retourne à l’état sauvage.
Il est racheté par la Région bruxelloise le 4 mars 1988. Souhaitant protéger sa valeur écologique, elle lui octroie l’année suivante le statut de réserve naturelle domaniale.